Pour la défaite
enfin des troncs inaccessibles
Arrachés à la
terre comme par la colère
Des sexes érudits
aux amours libertaires
Planqués entre
jardins abandonnés des cartes
Pour la défaite
enfin des femmes et des hommes
Qu’aucun état -
civil ne pourra résumer
Etrangers au désert
des zones commerciales
Où des foules
clonées s’entrecroisent en vain
Pour la défaite
enfin des biographies sans nom
Des cohortes
d’écrits renaissant de leurs cendres
Inscrites à
l’inutile inquiétant l’ordre mort
Vouées à presque
rien hormis au bord du vide
Pour la défaite
enfin le présent sans futur
Le temps sans
sablier aux heures insidieuses
La folie généreuse
au sourire grinçant
Et le cœur en avant
sans espoir aux aguets
Pour la défaite
enfin des sororités rares
Des fraternités
chaudes et la brise gratuite
L’amour de chats
errants et de chiens libérés
Le regard infini de l'espace profane
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Enfin pour les
vainqueurs des chaînes numériques
Aux cryptogrammes
fous contrôlant leur sommeil
Des yeux électrifiés
des enceintes sans porte
Des toits doublés
de plomb comme caveaux d’églises
Enfin pour les
vainqueurs des plages saturées
D’huiles mêlées
aux corps de sable synthétique
Des galeries
marchandes où des couples affairées
S'alignent aux
scanners scrutant les codes-barres
Enfin pour les
vainqueurs des obésités promptes
Des édulcorants
neufs des fleuves d’inertie
Le verbe péremptoire
et la haine assortie
Le goût du sang
futur des tortures ordinaires
Enfin pour les
vainqueurs la religion geôlière
Ecrasant d’interdits
la vie instantanée
D’âpres cours
d’injustice aux peines incompressibles
Des armes capitales
et la peur sans contrôle
Enfin pour les
vainqueurs des puces sous la peau
Afin de devenir des
êtres « augmentés »
De polices absolues
nécro-technologiques
Transhumanistes
entiers d'apocalypse en marche
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ASSEZ PARLE DE VOUS
Assez parlé de vous, assez parlé de soi
Les années dans le noir sont à la solitude
Avec vers le couchant le berceau des suicides
Il pleure tellement sur la peau nue du monde
De cendres d’oppression d’ennui et d’amertume
Il faut être perdant pour interpréter l’ombre
Et la voix qui se fend sur des chagrins de pauvres
Comme se tait le temps sur une page blanche
O la suie qui refait l’horizon des défaites
Quand on marche à genoux sur les braises des maîtres
Assez parlé de vous qui confisquez l’histoire
Officiels du spectacle réjouis de tout bord
Lardés de certitudes avalées à grand bruit
Régurgitées cent fois pour édifier la plèbe
Sur des récifs amis qu’un fanal naufrageur
Fasse signe de loin aux galions de commerce
Qu’on arme les galères à la faveur de l’ombre
Dont le froid arrogant enserre nos abris
L’ennemi sur les mains a du sang statistique
Mais la force pâlit quand le flot se soulève
Assez parlé de vous les cœurs sont aux tempêtes
Déjà des fissures étoilées hantent les murs
Eclate le silence annonciateur d’éclats
Et la peur qui bavarde à longueur de radios
Malgré son maquillage élargit sa grimace
Fatiguée obsolète il est trop tard sans doute
Le temps que vous comptez n’est que votre invention
Réprimer interdire à chaque inspiration
Conforte cet ardent néant qui vous espère
Comme épilogue sûr d’une malédiction